Pourquoi les prêtres utilisent-ils de l’encens à la Messe ? D’où cela vient-il ? L’utilisation de l’encens dans le monde antique était commun, particulièrement lors des rites religieux où il était employé pour éloigner les démons. Hérodote, l’historien grec, mentionne qu’il était populaire parmi les assyriens, les babyloniens et les égyptiens. Dans le judaïsme, l’encens était utilisé lors des action de grâces :
« Son offrande comprenait : une coupe d’argent pesant cent trente sicles, une coupe d’aspersion en argent de soixante-dix sicles en sicles du sanctuaire , toutes deux remplies, pour l’oblation, de fleur de farine pétrie à l’huile, une coupe d’or de dix sicles, pleine d’encens, un taureau, un bélier et un agneau d’un an pour l’holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d’un an. Telle fut l’offrande de Nahshôn, fils d’Amminadab. » Nombres 7:13-17
« Et toute la multitude du peuple était en prière, dehors, à l’heure de l’encens. » Luc 1:10
« Alors lui apparut l’Ange du Seigneur, debout à droite de l’autel de l’encens. » Luc 1:11
Le Seigneur instruisit Moïse pour la construction d’un autel d’or pour la combustion de l’encens :
« Tu feras un autel où faire fumer l’encens, tu le feras en bois d’acacia. D’une coudée de long et d’une coudée de large, il sera carré, et il aura deux coudées de haut ; ses cornes feront corps avec lui. Tu plaqueras d’or pur sa partie supérieure, ses parois tout autour et ses cornes, et tu lui feras tout autour une moulure d’or. Tu lui feras deux anneaux d’or au-dessous de la moulure, sur ses deux côtés ; tu les feras sur les deux faces pour y loger les barres servant à son transport. Tu feras ces barres en bois d’acacia, et tu les plaqueras d’or. Tu le mettras devant le rideau qui pend devant l’arche du Témoignage - devant le propitiatoire qui est sur le Témoignage - où je te donnerai rendez-vous. Aaron y fera fumer l’encens aromatique chaque matin, quand il mettra les lampes en ordre il le fera fumer. Et quand Aaron replacera les lampes, au crépuscule, il le fera encore fumer. C’est un encens perpétuel devant Yahvé, pour vos générations. Vous n’offrirez dessus ni encens profane ni holocauste ni oblation, et vous n’y verserez aucune libation. Une fois l’an, Aaron fera l’expiation sur les cornes de l’autel ; avec le sang du sacrifice pour le péché, au jour de l’Expiation, une fois l’an, il fera l’expiation pour lui, pour vos générations ; il est éminemment saint, pour Yahvé. » Exode 30:1-10
Autel qui fut placé devant le voile à l’entrée de la tente de réunion où était gardée l’arche d’alliance.
Nous ne savons pas exactement quand l’utilisation de l’encens a été introduite durant la messe ou autres rites liturgiques. À l’époque de l’église primitive, les juifs continuaient d’employer l’encens dans leurs propres rituels du Temple, donc il est aisé de conclure que les chrétiens adaptèrent son utilisation à leurs propres rituels.
Dans les liturgies de Saint-Jacques et de Marc, qui dans leur forme présente datent du cinquième siècle, l’utilisation de l’encens est mentionnée. Un rituel romain du septième siècle mentionne son usage lors de la procession de l’évêque jusqu’à l’autel. De plus, lors de la messe, l’encensement apparaît très tôt dans l’histoire lorsque l’Évangile est amené ; lors de l’offertoire, au 11ème siècle ; et au chant d’introduction de la messe au 12ème siècle. L’encens a aussi été employé à l’oraison et au Magnificat pendant les Laudes et les Vêpres depuis le 13ème siècle et lors de l’exposition et de la bénédiction du très saint Sacrement dès le 14ème siècle. Graduellement, son utilisation sera étendue à l’encensement du célébrant et du clergé l’assistant.
Le but de l’encens et la valeur symbolique de la fumée est celui de la purification et de la sanctification. Par exemple, dans les rites orientaux, au commencement de la messe, l’autel et l’ère du sanctuaire sont encensés pendant que le psaume 50, le « Miserere », est chanté, invoquant la pitié de Dieu. La fumée symbolise les prières du fidèle qui montent jusqu’au ciel : le psalmiste prie :
« que monte ma prière, en encens devant ta face, les mains que j’élève, en offrande du soir ! » Psaume 141 :2
L’encens sert aussi à représenter l’ambiance céleste : le livre de l’apocalypse décrit l’adoration céleste comme suit :
« Et un autre ange vint, et il se tint sur l’autel, ayant un encensoir d’or ; on lui donna beaucoup de parfums, afin qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône. » Apocalypse 8:3-5
Dans le missel romain, l’encens peut être employé lors de la procession d’ouverture au commencement de la messe, pour encenser l’autel ; ; à la procession et à la proclamation de l’évangile ; à l’offertoire, pour l’oblation, l’autel, le prêtre et les fidèles ; et à l’élévation de l’hostie et du calice du précieux sang après la consécration. Le prêtre peut aussi encenser le crucifix et le cierge pascal. Pendant les obsèques, le prêtre peut encenser le cercueil comme un signe d’honneur au corps du décédé qui est devenu le temple de l’Esprit Saint au moment du baptême et comme un signe des prières des fidèles pour le relèvement du décédé auprès de Dieu.
L’utilisation de l’encens ajoute le sens de la solennité et du mystère de la messe. L’illustration de la fumée et de l’odeur nous rappellent la supériorité de la messe qui transcende le ciel sur la terre et nous permettre d’entrer dans la présence de Dieu.
« Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Matthieu 2:11